Frédéric Nouguier, Peter Schrammel
1er jour: couvert, dégagé vers 21h; 2ème jour: dégagé
1er jour: Champagny-le-Haut, 1467m - Refuge du Plan de Gouilles, 2354m
2ème jour: Refuge du Plan de Gouilles - Col de Troquairouz, 2828m - Le Grand Bec, 3399m - Le Laisonnay d'en Haut, 1572m - Champagny-le-Haut
Refuge du Plan de Gouilles, 2354m
2002m (1er jour: +916/-29; 2ème jour: +1086/-1973)
18km (1er jour: 5; 2ème jour: 13)
7 1/2h (1er jour: 2 1/3; 2ème jour: 1 1/4 + 1 2/3 + 1 1/4 + 1)
II, 0+: jusqu'au refuge <32°; à côte du Glacier de Troquairou <38° entre 3000m et 3100m, reste <34°, crête au sommet (15m) 0+; descente versant nord-est: verrou <38° sur 50m en bas du glacier, contournement possible en traversant à l'est à 2800m et descendant dans une combe parallele (<35°); reste <35°, sauf l'accès au couloir du Plan du Pré (à 2000m, ~40° dans les vernes sur 20m selon les conditions)
risque d'avalanches 2, vers midi 3; plusieurs grosses coulées dans le couloir du Plan du Pré (voir récit)
Initialement, on a planifié ce tour pour samedi/dimanche, mais la météo pour dimanche n'était pas annoncée trop favorable, donc on l'a avancé à vendredi/samedi et moi, je me suis dégagé vendredi après-midi. Fred disait que la petite traversée du glacier n'est pas du tout crevassée, mais je voulais pourtant emmener le matériel de sécurité complet. Malheureusement le CAF ne prévoit pas de prêter du matériel pour des sorties hors club. Un ami de Fred pouvait pas prendre part, donc on est parti à deux à midi par Albertville et Moûtiers à Champagny-le-Haut. Le ciel était couvert et il faisait 10° sur 1500m. On a demarré à 14h ayant attaché les skis au sac à dos, parce qu'il y avait pas mal de portage attendu. On est monté sur le chemin pédestre. Heureusement déjà vers 1700m la neige devenait plus fréquente, donc on pouvait chausser, mais c'était encore trop tôt, parce qu'il y avait encore quelques passages rocheux sans neige. On préférait la montée hors la forêt bien que la plupart de traces montait dans la forêt. Avant que le sentier traversant descendait trop on est monté suivant des anciennes traces à peine devinable. La neige était mouillée jusqu'au fond, heureusement les alentours décorés des aulnes étaient assez plats, donc il n'y avait rien à craindre. J'ai traversé un peu à gauche pour s'éloigner de la face raide qui ferme la combe vers l'ouest, où on observait de loin des cascades de neige tombant des falaises. Heureusement la qualité de neige s'améliorait. On a choisi le couloir ouest pour franchir le ressaut vers le refuge. D'abord j'ai essayé de monter entre deux anciennes coulées, mais la neige était trop molle parce que cette partie était trop orientée nord-est ; donc j'ai traversé l'avalanche pour monter plus la pente exposée nord-ouest. Là, c'était mieux avec une profondeur de 15-20cm avec fond dur, pourtant j'ai déclenché une mini-coulée de 2m de largeur dans la partie la plus raide. On a traversé le plateau vallonné pour atteindre le refuge vers 17h. Six personnes était déjà là, qui comptaient faire la Pointe du Vallonet et descendre au Refuge du Grand Bec. Pendant qu'on fondait de la neige pour préparer une soupe et du thé, un couple des moniteurs de ski arrivait qui ferait aussi le Grand Bec. Fred me montrait que la hauteur des quelques sommets glaciaire a baissé jusqu'à 20m entre les deux dernières révisions des cartes IGN. Tout le monde se couchait déjà avant le soleil : manquant la culture de refuges, dont je suis habitué en Autriche, moi, je profitais encore du magnifique coucher du soleil. Pourtant, je me suis couché à 21h. Comme entre-temps le ciel s'est dégagé il y aurait une petite chance de regel. Il faisait assez chaud pendant la nuit. Le groupe de six est parti à 5h. On s'est levé à l'aube et on est parti après 6h30. Par endroit la croûte de regel n'était pas suffisante, même sur 2500m. On a pris la trace sur les buttes des Côtes Vertes, tandis que le couple montait dans la combe. Il y avait une bonne ambiance du matin. Un tronçon un peu raide nécessitait presque qu'on sorte les couteaux. Après la traversée au col on a réglé nos besoins en face des versants sauvages de la Grande Casse. Le couple nous a doublé avant le glacier. À partir de 2900m il y avait soudainement des conditions de neige différentes : de la poudreuse tassée. d'abord il fallait traverser un morceau de glacier bien couvert. Puis, la montée est parfois assez raide (38°) à côté du glacier. Plus haut, la voie passe entre deux crevasses larges avant traverser vers le sommet. Les derniers 10m au sommet se font à pied sur une courte crête assez exposée d'un côté. On a atteint le sommet couronné d'une grosse corniche à 10h, peu après le couple et avant un homme qui montait tout le trajet depuis Laisonnay en 2h30. La vue était tout simplement magnifique : tous les sommets de la Vanoise, surtout la grandiose Grand Casse, les Aiguilles d'Arves au fond, plus proche le Mont Blanc, et même le Mont Cervin à l'horizon. Le couple attaquait la descente à Laisonnay. Nous profitions encore jusqu'à 10h45 du panorama. Petit à petit des caravanes s'approchaient. La descente se faisait sur la bonne neige jusqu'à 2800m. Je voulais contourner le verrou en bas du glacier, mais Fred ne s'arrêtait pas, donc il nous a fallu descendre un passage de neige encore gelée et avec des boules de glace sur la surface. Puis, la moquette était parfaite, mais sous 2400m elle se transformait de plus en plus en soupe. La combe est limitée à gauche par un incroyable canyon avec des murs lisses à pic creusé par le glacier. Comme indiqué par le couple il faudrait traverser à pied une ancienne avalanche de fond dans le couloir avant le Plan du Pré. Après avoir déraper le flanc raide du couloir, j'ai rapidement traversé ce passage pénible - moitié en courant, moitié en glissant sur l'avalanche couverte par le sol qu'elle avait ramené. J'attendait en sécurité sur le pré plat 100m du bas de l'avalanche. Sur la pente nord-est au-dessus du couloir quasiment purgée restaient encore quelques nappes de neige. Fred n'avançait pas vite, mais il traînait trop à cet endroit douteux. Un peu embêté, j'attendais déjà 15 minutes. Enfin il était en train de chausser ses skis en bas de la coulée. Soudainement il y a un bruit comme un barrage brisé et je vois une grosse vague en blanc et marron, d'une hauteur de 3m et largeur de 10m en train de se verser dans le couloir et avaler tous qui était dedans. Je crie 'Dépêche-toi, vite!' et même si à un endroit sûr, j'ai l'impression qu'elle pourrait aussi descendre jusqu'à moi. Je prends mon sac à dos et mes bâtons et je descends encore 50m jusqu'à une butte. Quand je me retourne Fred saute quelques pas sur un ski à côté, mais la coulée est déjà passée, heureusement à quelques 20m de lui. C'était difficile à dire où elle allait descendre, mais la coulée restait assez étroite et descendait dans le couloir à une hauteur de 1.5m à peu près, exactement là, où j'ai traversé 15 minutes avant. Entre le moment où je l'ai vue jusqu'à ce qu'elle est passée à côté de Fred, il n'y avait que 5 secondes. Des petites coulées suivaient. Choqué, il est arrivé chez moi en disant qu'il a vu un gros truc blanc et pensé que tout serait fini. On est descendu le chemin, où il y avait assez de neige jusqu'en bas. Pourtant Fred préférait de marcher. On a traversé la passerelle peu après midi et marché encore une heure le long du ruisseau jusqu'au parking. Un a pris un verre de l'eau fraîche au Refuge du Bois avant renter un petit peu morfondus après cette expérience vécue. C'était quand même un tour grandiose. Le soir j'ai vu sur skitour.fr qu'un groupe descendu après nous a observé la coulée - quand même ils n'ont pas compris ce que s'est passé - autrement ils n'auraient pas traversé le couloir tous à la fois. Leçons à tirer : Bien sûr, il aurait été plus sage descendre plus tôt. Mais en tout il y avait encore une trentaine de personnes qui descendait ce couloir après nous cet après-midi-là. Enfin, c'est une question de la probabilité : Il y toujours de passages plus ou moins dangereux - à part de choisir le passage le moins dangereux, il ne reste que diminuer le temps d'exposition au danger pour réduire la probabilité d'accident. Et là, les mesures de sécurité standard sont primordial : s'espacer pendant la montée aussi que pendant la descente et jamais traîner aux endroits dangereux.